Archive for the ‘Canal+’ Category

Canal+: OGM pour Organisme Grossièrement Manipulateur.

février 13, 2007

La cyber-horde bêlante, beuglante s’émeut, s’embrase depuis quelques temps sur le sort réservé à un fameux reportage « censuré » par les khmers hertziens Canal+ (en novlang d’intoxiqué: « diffusé le 15 novembre 2005« ), au sujet d’un Organisme Génétiquement Modifié mis sur le marché malgré sa toxicité révélée au péril de leur vie par les « courageux » plumitifs.
Je ne saurais que vous inviter à visionner ce reportage ici [bientôt sur ftp], non seulement pour constater que les méthodes Canal+ ne changent pas (on se souvient, la larme à l’oeil, de la fameuse interview de Bush coupée [bientôt sur FTP])

Peu sujet à l’idôlatrerie du petit écran, votre serviteur s’est ainsi intéressé à l’un des protaganistes oublié de l’affaire du « Monsanto 863 », le toxicologue Gérard Pascal, lequel a accepté de nous faire part de ces deux documents:

L’historique du dossier du maïs MON 863 : vision de l’intérieur de la CGB* par l’un des acteurs au cœur de la question
———–
*Commission du génie biomoléculaire
1)- Le 27 mai 2003, la CGB a examiné le dossier déposé auprès des autorités allemandes d’un maïs MON 863 de Monsanto et a donné le 27 juin un avis dans lequel elle estimait impossible de se prononcer sans disposer du rapport complet de l’étude de toxicité à 90 jours chez le rat, dont elle n’avait reçu qu’un court résumé ;
2)- Ces données ont été fournies par la commission et le 28 octobre 2003, la CGB les a discutées sur la base de mon rapport d’analyse qui mettait en évidence un certain nombre de différences significatives entre le lot d’animaux « lignée parentale » non transgénique et le lot MON 863. J’ai en particulier insisté sur une hypotrophie rénale et un nombre plus important d’anomalies histologiques au niveau du rein dans le lot MON 863. Sans conclure à un risque quelconque, la CGB a demandé des explications.
3)- Après une rencontre avec des représentants de Monsanto, dont leur toxicologue américain, pour être certains d’être bien compris dans nos questions, Monsanto nous a fourni des explications sans données nouvelles, qui ne nous ont pas convaincus, ce que nous leur avons fait savoir dans un avis daté du 25 juin 2004 qui confirmait notre position d’octobre 2003, en même temps que des suggestions sur les compléments dont nous souhaitions disposer,.
4)- Répondant à nos suggestions, Monsanto nous a donc ensuite communiqué une expertise indépendante, réalisée par des anatomo-pathologistes de renom, dont l’un est le spécialiste mondial de la pathologie du rein du rat de laboratoire. Cette expertise faisait ressortir que les anomalies observées sur le rein des rats du lot MON 863 étaient de même nature que celles observées dans le lot témoin, même si elles étaient un peu plus nombreuses, mais pas statistiquement significativement, et qu’elles étaient identiques à celles observées traditionnellement chez le rat de laboratoire. Cette expertise a été « contre-expertisée » par un expert Français, le Pr. A. Parodi, ancien directeur de l’ENV d’Alfort : mêmes conclusions. Dans sa séance du 14 septembre 2004, la CGB s’est donc déclarée satisfaite pour ce qui concernait les aspects anatomo-pathologiques au niveau du rein, mais a souligné qu’elle n’avait toujours pas reçu de réponse satisfaisante pour ce qui concernait le poids des reins.
5)- De nouveaux éléments ont été fournis par Monsanto : les résultats de deux études à 90 jours chez le rat, réalisées avec deux hybrides (MON 863 X NK 603 et MON 863 X MON 810 X NK 603) renfermant l’événement de transformation MON 863. Dans ces études dont le protocole était rigoureusement identique à celui de l’étude pratiquée avec le MON 863, aucune différence entre lots témoins et lots transgéniques n’a été observée. Le poids des reins de tous les animaux se trouvaient dans la fourchette de poids des petits reins des animaux du lot MON 863 de l’essai précédent. Nous avons donc conclu finalement au manque de signification biologique et toxicologique des effets observés lors des séances de la CGB des 9 et 23 novembre 2004.

CONCLUSION :
Il me semble difficile d’accuser la CGB de légèreté dans l’examen de ce dossier puisque nous avons mis plus d’un an, avec des évaluations successives de plus en plus focalisées, avant d’arriver à une conclusion analogue à celle d’autre comités d’experts comme ceux de l’AFSSA et de l’EFSA, qui, à mon sens, s’étaient prononcés un peu rapidement. Mais je ne prétendrai pas à l’objectivité, ayant été en première ligne dans cette affaire.

Paris le 16 mars 2006

Gérard PASCAL

Analyse critique des articles de V.E . Prescott et al.(1), de l’équipe de M.Malatesta (2) et de l’équipe de Traavik (3)

————

1) – Article de Prescott et al., “Transgenic expression of bean α-amylase inhibitor in peas results in altered structure and immunogenicity”(1) :

Le titre de l’article lui-même apporte une explication des résultats observés. L’expression du gène du facteur inhibiteur de l’α-amylase (aAI) du haricot, hôte naturel, dans le pois, conduit à la synthèse d’une protéine dont la structure est modifiée en raison de modifications post-traductionnelles, en particulier pour ce qui concerne la glycosylation.
La nouvelle protéine a chez la souris, un effet immunogène (elle induit une réponse anticorps IgG) et adjuvant (elle augmente la réponse immunitaire aux autres protéines), mais elle ne conduit pas à la synthèse d’IgE qui démontrerait clairement la capacité de cette protéine à induire des allergies (hypersensibilité immédiate). Des réponses du même type ont été enregistrées avec par exemple des protéines Cry, sans qu’on ait pu conclure à l’existence d’un risque allergène (j’ai des références).
En définitive, il convenait de s’assurer que si le dossier d’un tel OGM, le pois porteur du gène de l’aAI, arrivait devant une commission comme la CGB, les questions soulevées par l’article australien auraient été discutées. La réponse est oui, à n’en pas douter :
– La différence de structure entre la protéine exprimée dans le haricot et celle exprimée dans le pois aurait été détectée, en particulier les différences de glycosylation puisque, des informations sur ce point sont maintenant systématiquement demandées;
– Un risque potentiel d’allergénicité aurait été détecté lors de l’exercice de comparaison de séquences avec celles des protéines toxiques et allergènes connues, systématiquement demandée par la CGB. Ceci a d’ailleurs été le cas avec l’aAI du pois transgénique (fait par une équipe suédoise). Cette aAI présente une analogie modérée avec une agglutine d’arachide considérée comme allergène. De plus, des aAI de céréales sont connues comme allergènes.
Plusieurs signaux d’alarme se seraient donc allumés en mettant en œuvre l’approche de la CGB, qui est celle de nombreux comités scientifiques (AFSSA, EFSA, principes et lignes directrices de la FAO/OMS …). Ces alarmes auraient conduit soit à un rejet du dossier, soit à des demandes d’études plus complètes pour mieux approcher le niveau du risque allergène chez l’homme de cette aAI du pois transgénique, selon l’approche recommandée par l’EFSA ou la FAO/OMS.
L’intérêt du modèle animal utilisé par l’équipe australienne ainsi que celui d’autres modèles cellulaires, est cependant l’objet d’une évaluation d’un groupe de travail de l’EFSA sur l’évaluation de l’allergénicité des OGM.

2) – Articles de l’équipe de M. Malatesta (2) :

Je n’ai pas de compétences particulières pour juger de la qualité de la méthodologie employée pour les cinq études dont les résultats sont publiés dans des revues de biologie cellulaire, d’anatomie ou d’histochimie qui semblent disposer de comité de lecture (pas certain pour European Journal of Histochemistry).
Première publication (J. Anat. 2002) : 12 souris femelles dans chaque lot sont nourries avec un régime standard pour animaux de laboratoire renfermant 14% de soja témoin ou transgénique tolérant au glyphosate. Les animaux sont sacrifiés lorsqu’ils sont âgés respectivement de 1, 2, 5, ou 8 mois soit 3 animaux par point et par lot. Il n’y a pas de différence structurale des cellules acineuses pancréatiques chez les animaux ayant consommé l’OGM, mais une diminution de la quantité de zymogène après un mois, qui disparaît ensuite. Les variations semblent aléatoires en fonction du temps. Il y a aussi une diminution de l’α-amylase dans les tissus du pancréas mais pas de variation de l’α-amylase sérique. Pas d’hypothèse explicative.
Deuxième publication (Cell Structure and Function, 2002) : des souris femelles gravides reçoivent les mêmes régimes que dans l’essai précédent. La suite n’est pas claire. Soit 12 petits de chaque lot continuent au même régime que leurs mères et 12 changent de régime, pour chaque lot de mères, ce qui donnerait au total 24 jeunes souris dans chaque groupe, ou c’est seulement 12 petits dans chaque lot qui continuent sur le même régime que la mère (ce qui semble le plus vraisemblable). Les animaux sont sacrifiés à l’âge de 1, 2, 5 et 8 mois, ce qui correspond à 3 ou 6 souris par lot et par point selon le protocole. La consommation de l’OGM conduit à des modifications d’aspect des noyaux hépatocytaires interprétées comme l’indice d’un métabolisme accru. Il n’y a cependant pas de modifications des protéines hépatiques majeures, pas plus que des organites cytoplasmiques. Pas d’hypothèses explicatives.
Troisième publication (European Journal of Histochemistry, 2003) : deux lots de souris gravides consommant toujours les mêmes régimes ont donné naissance à des petits ; 12 femelles dans chaque groupe ont continué à recevoir le régime de leur mère. Elles ont été sacrifiées à l’âge de 1, 2, 5, ou 8 mois. Ici il est clair qu’il y avait donc 3 souris par groupe et par point. La consommation de l’OGM conduit à des modifications fines de structure du noyau des cellules acineuses pancréatiques qui impliqueraient en particulier une baisse du trafic moléculaire entre noyau et cytoplasme. Ces résultats seraient en accord avec ceux précédemment publiés. Pas d’hypothèse explicative.
Quatrième publication (European Journal of Histochemistry, 2004) : même protocole que le précédent sauf qu’il n’y a pas de sacrifice à 1 mois et que les petits mis en expérience sont des mâles. La consommation de l’OGM conduit au niveau des testicules, à des modifications (par exemple, augmentation des granules de périchromatine) transitoires (à 2 et 5 mois mais plus à 8) dans les cellules de Sertoli et les cellules germinales. Cette fois, il est suggéré que ces effets pourraient être dus à des résidus de glyphosate sur le soja trangénique qui, puisque tolérant, a été traité au champ ( ?!).
Dernière publication (European Journal of Histochemistry, 2005) : protocole identique sauf que ce sont seulement 12 jeunes souris qui sont conservées, soit 6 par groupe, témoin ou transgénique, nourries jusqu’à l’âge de 3 mois avec le régime de leur mère et dont on échange le régime ensuite pendant 1 mois, pour juger de la réversibilité des différences observées au niveau du noyau des hépatocytes. Les résultats montrent que les différences déjà observées sont réversibles, mais aussi qu’elles sont rapidement (1 mois) inductibles. Cette fois, à l’hypothèse de la responsabilité de résidus de glyphosate sur le soja OGM, s’ajoute celle d’une modification des teneurs en phytooestrogènes.
Une critique majeure, valable pour tous les articles, doit être faite : la nature des sojas témoin et transgénique n’est absolument pas précisée. Pour le soja transgénique, la seule précision apportée est une référence à un article de Padgette et al. de 1995, décrivant le développement d’une lignée de soja tolérant au glyphosate et le principe utilisé ; mais quelle est la lignée utilisée ici dans les expérimentations ? A-t-elle vraiment été traitée au glyphosate, à quelle dose, quels sont les résidus de glyphosate et de ses métabolites ? Quels sont les niveaux de présence des phytooestrogènes, desquels ?
Quelle est la lignée témoin, quelle composition ? Si on fait des hypothèses sur les explications des résultats enregistrés alors que l’on peut les vérifier puisqu’on dispose des sojas témoin et transgénique, pourquoi ne pas le faire ?
Le travail est peut être bien fait mais ininterprétable : il n’aurait jamais été publié dans des revues de toxicologie et/ou de nutrition. La première chose à faire est de caractériser le matériel avec lequel on travaille ! Les références sont de plus orientées (par exemple références multiples à Pustzai et à Schubbert et al., des citations comme « some authors have investigated the potential passage of a part of the modified genome through the gut », sans que les critiques , publiées, de ces articles ne soient évoquées).
Je ne commenterai pas le nombre d’animaux par groupe et par âge au sacrifice !

3) – Article de l’équipe de Traavik (3):

Il s’agit de la démonstration de la capacité du promoteur 35S du virus de la mosaïque du chou-fleur (d’utilisation quasi universelle dans les plantes GM) de s’exprimer dans des cellules de mammifères et de conduire à l’expression de gènes dans ces cellules. Le modèle est celui de cellules Caco-2, cellules cancéreuses colique d’origine humaine, dans lesquelles le promoteur 35S a été capable de conduire à l’expression des gènes rapporteurs gjp et luc introduits simultanément.
Bien que soulignant le caractère artificiel du modèle (ce que je ne manque jamais de faire, car les Caco-2 sont des cellules cancéreuses), les auteurs évoquent le risque qu’il pourrait alors y avoir si ce promoteur pouvait traverser intact la barrière intestinale de l’homme et s’incorporer dans ses cellules intestinales et alors interférer avec l’expression de gènes. Ils prennent cependant soin de préciser que l’on n’a jamais mis en évidence la captation du promoteur 35S intact dans les cellules de quelque espèce que ce soit. Au cours de l’article, il est fait référence plusieurs fois à un article (4) de mes collègues de l’INRA, M. Tapfer et L.M. Houdebine, laissant entendre qu’ils ont les mêmes préoccupations qu’eux. Me doutant bien que ça n’était pas le cas, j’ai analysé leur article puis interrogé L.M. Houdebine. Voici sa réponse « Je connais l’article des norvégiens. Il ne contient rien de plus que ce que nous avons publié. Les conclusions des norvégiens sont erronées et ils nous font dire le contraire de ce que nous avons dit ». M. Tepfer vient d’ailleurs d’écrire à l’éditeur à ce sujet.

Références :
(1) – Prescott V.E., Campbell P.M., Moore J.M. et al., (2005), Transgenic expression of bean α-amylase inhibitor in peas results in altered structure and immunogenicity, J. Agric. Food Chem., 53, 9023-9030;
(2) – Malatesta M., Caporaloni C., Rossi L. et al., (2002), Ultrastructural analysis of pancreatic acinar cells from mice fed on genetically modified soybean, J. Anat., 201, 409-415;
– Malatesta M., Caporaloni C., Gavaudan S. et al., (2002), Ultrastructural morphometrical and immunocytochemical analysis of hepatocyte nuclei from mice fed on genetically modified soybean, Cell Structure and function, 27, 173-180;
– Malatesta M., Biggiogera M., Manuali E. et al., (2003), Fine ultrastructural analysis of pancreatic acinar cell nuclei from mice fed on genetically modified soybean, European Journal of Histochemistry, 47, 385-388;
– Vecchio L., Cisterna B., Malatesta M. et al., (2004), Ultrastructural analysis of testes from mice fed on genetically modified soybean, European Journal of Histochemistry, 48, 449-454;
– Malatesta M., Baldelli B., Battistelli S. Et al., (2005), Reversibility of hepatocyte nuclear modifications in mice fed on genetically modified soybean, European Journal of Histochemistry, 49, 237-241.
(3) – Myhre M.R:, Fenton K.A. Eggert J., Nielsen K.M., Traavik T., The 35S CaMV plant virus promoter is active in human enterocyte-like cells, (2006), Eur. Food Res. Technol., 222, 185-193.
(4) – Tepfer M., Gaubert S., Leroux-Coyau M., Prince S., Houdebine L.M., (2004), Transient expression in mammalian cells of transgenes transcribed from the Cauliflower mosaic virus 35S promoter, Environ. Biosafety Res., 3, 91-97.

Le 27 février 2006

Gérard PASCAL

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