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In Memoriam Bastien-Thiry

mars 11, 2008


Il y’a quarante-cinq ans jour pour jour, le 11 mars 1963, mourrait sous les balles gaullistes Jean Bastien-Thiry ( de son vrai nom Jean-Marie Bastien-Thiry ), un des derniers français dignes de ce nom. L’Histoire s’en souviendra comme l’instigateur de l’attentat du Petit-Clamart contre le Général de Gaulle. Véritable patriote et homme d’honneur s’il en est, il entendait ainsi mettre fin au désastre algérien et à la tyrannie du général. Il eut lors de son procès une déclaration dont on peut dissocier deux composantes: la nationale, républicaine et l’humaniste. Si tant est qu’elles me paraissent antagonistes et qu’en ce sens je ne peux souscrire à la totalité de ladite déclaration, je vous en propose quelques extraits, que l’on pourrait pour un peu lire comme libéraux, comme libertariens même:

Ces Musulmans avaient infiniment plus à gagner dans une véritable libération de l’individu et de leur personne humaine, libération effectuée dans la justice et dans la dignité d’homme, que dans une prétendue libération collective et nationale dont nous constatons aujourd’hui, et dont ils constatent eux-mêmes les funestes résultats.
(lire à ce propos cet extrait de la Défaite de la Pensée par Alain Finkielkraut)

À notre avis, c’est là un point essentiel et qui portait en germe tout ce qui allait suivre ; en prêtant, dans un but tactique, des serments qu’il n’était pas décidé à tenir, l’actuel Chef de l’État montrait qu’il était décidé à exercer son pouvoir envers et contre tout, en utilisant les moyens et les méthodes les plus cyniques et moralement les plus condamnables. J’ai d’ailleurs trouvé récemment dans un hebdomadaire qui avait groupé un certain nombre de bons mots gaullistes, la sentence suivante :  » Comme un homme politique ne croit jamais ce qu’il dit, il est tout étonné quand il est cru sur parole « 

Ces vues dénotent, à notre avis, en même temps qu’un sens personnel démesuré, une très forte imprégnation matérialiste et marxiste; car le sens de l’Histoire, le grand vent de l’Histoire, sont des notions matérialistes et marxistes ; il n’y a pas de sens de l’Histoire, il n’y a pas de vent de l’Histoire, car ce qui fait l’Histoire, selon notre conception occidentale et chrétienne, qui est vérifiée par tous les faits historiques, c’est la volonté des hommes, c’est l’intelligence des hommes, ce sont leurs passions bonnes ou mauvaises.


Pour réussir à imposer cette volonté, le Pouvoir, qui violait le sentiment national des Français d’Algérie, de la façon la plus contraire aux lois de la nature, a décidé d’employer tous les moyens pour briser la résistance nationale en Algérie ; et ces moyens ont le plus souvent été atroces. Les mensonges du Chef de l’État le conduisirent, comme c’était prévisible, au crime. Il y eut les rafles, les ratissages, les perquisitions. Il y eut de nombreux patriotes, hommes et femmes, torturés dans des conditions abominables, selon des méthodes analogues à celles de la Gestapo nazie. Face à la résistance des grandes villes françaises d’Algérie, des unités spéciales acceptèrent d’employer et de généraliser des méthodes que les troupes allemandes n’avaient que rarement utilisées pendant l’occupation, et que nos troupes elles-mêmes n’avaient jamais employées au cours de la répression anti-F.L.N. Le feu fut ouvert systématiquement contre des éléments civils non armés qui manifestaient pacifiquement leurs sentiments nationaux ou qui même ne manifestaient pas du tout; des femmes furent blessées ou tuées en allant chercher du ravitaillement ou en étendant leur linge à leur balcon; des femmes et des enfants furent blessés ou tués au fond de leur appartement ; la diffusion des documents relatant les conditions et les résultats de la fusillade du 26 mars à Alger, qui fit des centaines de victimes, fut interdite. Cette fusillade du 26 mars et diverses autres opérations menées contre les populations, ont fait plus de victimes que le massacre d’Oradour-sur-Glane qui fut, à la fin de la dernière guerre, cité comme l’exemple de la barbarie nazie. Cette répression inhumaine était exercée par des Français contre d’autres Français, qui ne luttaient que pour rester Français sur la terre de leurs pères. Elle restera dans l’Histoire le signe de l’inhumanité totale de celui qui l’a ordonnée.

Les liens d’amitié entre les dictateurs cubain et algérien sont connus. Ce qui l’est peut-être moins, c’est la synthèse islamo-marxiste qui est en cours de réalisation, avec l’appui du gouvernement algérien et qui s’exprime, par exemple, dans le livre  » Le meilleur combat  » rédigé par un ami intime du premier ministre algérien.

Les conditions sont donc réunies pour que le peuple français se retrouve un jour sous la férule d’un régime communiste ou crypto-communiste, sans même s’être bien rendu compte des différentes étapes qui auront été franchies pour en arriver là. Ceci sera le résultat de l’abandon des valeurs spirituelles, morales et nationales qui ont fait, dans le passé, l’armature de notre pays et dont le maintien devrait constituer la condition essentielle de survie nationale. Ceci sera le résultat de l’abandon d’un idéal de liberté et de dignité humaine, idéal qui se trouve inscrit dans les lois de la Nation, qui fut dans les traditions de la Nation et que le pouvoir politique a si cruellement bafoué en imposant sa propre loi aux Français d’Algérie.

En Métropole même, la majorité des citoyens est privée, par la dictature, d’un droit fondamental de l’homme libre en tant que membre d’une démocratie : le droit au libre choix en matière d’option civique et politique, qui suppose que chaque citoyen dispose de la liberté d’information, seule capable de lui fournir les éléments de jugement et d’information objective, nécessaire à l’exercice de ce libre choix ; or il n’est pas douteux que le pouvoir contrôle étroitement la majorité des moyens d’information du public. Si la presse est libre, théoriquement du moins, le pouvoir sait fort bien qu’elle ne touche qu’une faible partie du corps électoral : le tirage des journaux et l’assiduité des lecteurs sont dans l’ensemble nettement plus faibles en France qu’en Angleterre par exemple. Par contre, le gouvernement est maître de la radio et de la télévision d’État qui constituent les principaux moyens de pression sur l’opinion publique.

Les multiples messages et discours à la télévision de l’actuel Chef de l’État sont analogues et ont les mêmes buts que les harangues radiodiffusées de Hitler ou que les discours des dictateurs fascistes s’adressant aux foules depuis leur balcon. Vis-à-vis d’un public crédule et privé d’information, ils ont le même effet. Nous savons le rôle qu’ont joué la radio d’État et la télévision d’État dans la mise en œuvre de la politique algérienne, en particulier dans les référendums.

Le deuxième caractère de la dictature, ce sont les méthodes de police et de justice. Il existe des preuves que plusieurs dizaines ou centaines d’hommes libres qui se sont opposés au pouvoir en Algérie furent atrocement torturés ou acculés au suicide par des méthodes policières totalitaires employées sous la responsabilité d’hommes qui ont actuellement des postes de premier plan dans le régime. Nous-mêmes, dans l’affaire du Petit-Clamart, nous souhaiterons nous expliquer sur les conditions d’arrestation, de garde à vue et de détention qui furent les nôtres et celles de certains membres de nos familles. Nous souhaitons aussi que toute la lumière soit faite sur la mort tragique de notre camarade le Commandant Niaux. Ma présence dans ce box atteste l’efficacité des méthodes de garde à vue. Notre présence devant votre juridiction d’exception atteste les entorses faites aux principes judiciaires.

Enfin, un autre caractère de cette dictature, et que l’on retrouve dans toutes les dictatures, c’est la servilité extraordinaire dont ont fait preuve tant de personnes, en particulier, tant d’hommes politiques au service d’une politique qui est, de façon évidente, une très mauvaise politique nationale. Cette servilité ne peut s’expliquer que par l’existence d’un pouvoir dictatorial capable de forcer et d’orienter les consciences d’hommes faibles, intéressés ou déraisonnables.

La dictature gaulliste est donc, comme les dictatures hitlérienne et communiste, basée à la fois sur le contrôle de l’opinion, c’est-à-dire sur le mensonge et sur la violence, c’est-à-dire sur les méthodes de coercition appliquées aux opposants ; comme les dictatures hitlérienne et communiste, elle est basée sur le mensonge plus encore que sur la violence.

Que peuvent faire les hommes libres, les citoyens libres, qui ont constaté la réalité de la dictature et qui ont mesuré ses effets funestes et mortels pour l’ensemble de la Nation ou pour une partie de la Nation ? Ils doivent se rappeler que nous ne sommes plus au temps du régime de la monarchie absolue et que nous ne sommes pas au temps de l’autocratie ; il n’y a plus de bon plaisir du prince, il y a une Constitution, une loi républicaine ; si le Chef d’État transgresse cette loi, la Constitution donne aux citoyens le droit de résister au dictateur ; il y a dans la Constitution et dans les droits fondamentaux et universels de l’homme, un droit imprescriptible ; c’est le droit de résistance à l’oppression, le droit d’insurrection pour les minorités opprimées ; c’est ce droit dont M. Michel Debré disait, en d’autres temps, qu’il était aussi le plus sacré des devoirs. C’est au nom de ce droit, c’est donc au nom de la véritable légalité républicaine, transgressée par le pouvoir de fait, que le C.N.R. s’est constitué, et c’est au nom de ce droit, c’est-à-dire au nom de la véritable légalité républicaine, que nous avons réalisé une action de force contre celui qui s’est placé hors de la légalité. Car si le Chef de l’État sort de la légalité, il doit être taxé publiquement de forfaiture, et c’est ce qui a été fait par les plus hautes autorités de l’État ; si le Chef de l’État, étant sorti de la légalité, tue ou laisse tuer ceux qui sont sous sa responsabilité, ou s’il est responsable, et seul responsable, d’un désastre national, il doit être mis par la force, hors d’état de continuer à exercer son pouvoir de fait ; et c’est ce que nous avons essayé de faire, au nom de la loi.

Le droit de légitime défense existe, sur le plan collectif, contre les dictateurs et les tyrans, de même qu’il existe, sur le plan individuel, contre les voleurs et les assassins. En vertu de ce droit, nous pouvons et nous devons défendre nos frères spoliés et assassinés en raison de la politique et de l’action personnelle du dictateur.

Nous sommes pour l’Europe, car nous croyons que la France peut s’intégrer à l’Europe sans renoncer à rien de ce qui fut les gloires de son passé et de ce qui fait son patrimoine moral et spirituel. Nous sommes pour la communauté atlantique parce que nous croyons que, face à la menace permanente et écrasante de subversion communiste, le monde libre ne doit pas se laisser diviser et doit être entièrement solidaire de l’Amérique.

C’est à partir de la constatation selon laquelle le Général de Gaulle est coupable des crimes de forfaiture, de haute trahison et de complicité de génocide, que nous avons agi conformément aux possibilités que donne la loi. Nous croyons que cette action était juste ; car les mobiles de cette action sont ceux que dictent la morale, le droit et la raison humaine ; car la morale, le droit et la raison humaine s’accordent à reconnaître que la politique du Général de Gaulle est à la fois immorale, illégale, aberrante et infamante.

Les décisions qui ont été prises par le C.N.R. concernent uniquement l’action qui a été celle du Général de Gaulle depuis quatre ans ; sur ce qui a été fait par lui précédemment, je donnerai cependant une observation à titre personnel : c’est que les hommes de ma génération, qui n’ont pas eu à prendre parti dans les luttes internes et à se ranger dans les factions qui ont divisé ce pays au cours de la dernière guerre, se rendent compte que, à propos de certains événements qui se sont déroulés pendant cette guerre, des mythes ont été construits par ceux qui ont été les acteurs de ces événements et les profiteurs de ces mythes ; avec un peu de recul, les historiens pourront dire d’où a soufflé, à cette époque, le vent qui a divisé les Français ; les historiens diront aussi qu’après la Libération, l’union des Français de bonne volonté pouvait être réalisée dans la réconciliation, mais que cette union n’a pas été réalisée ; qu’il y a eu, au contraire, l’une des épurations les plus sanglantes de notre histoire, plus sanglante même que la Révolution française ; qu’il y a eu, au lieu de la réconciliation nationale, un retour en force des communistes au sein et à la tête de l’État. Je pense donc que l’Histoire fera justice de certains mythes.


Pour nous, nous avons agi contre Charles de Gaulle en tant qu’il est un citoyen, justiciable, comme les autres citoyens français, des lois de la Nation ; et en tant que ce citoyen est responsable d’innombrables morts et d’immenses souffrances ; en tant que ce citoyen est responsable chaque jour de nouveaux meurtres et de nouvelles souffrances ; et en tant que c’est notre droit, et que nous avons considéré que c’était notre devoir de défendre légitimement les victimes de ces meurtres et de ces souffrances.

Nous avons exercé le droit de légitime défense contre un homme, au nom de ses victimes, au nom de nos concitoyens et au nom de nos enfants; cet homme est ruisselant de sang français et il représente la honte actuelle de la France. Il n’est pas bon, il n’est pas moral, il n’est pas légal que cet homme reste longtemps à la tête de la France ; la morale, le droit et la raison humaine s’unissent pour le condamner. La vérité que nous avons dite, et que bien d’autres que nous ont dite avant nous, restera attachée au nom de cet homme, où qu’il aille et quoi qu’il fasse. Un jour cet homme rendra compte de ses crimes : devant Dieu, sinon devant les hommes.

Malgré les nombreuses divergences philosophiques, éthiques que tout libéral se doit d’avoir, de reconnaître avec Bastien-Thiry, l’homme n’en demeure pas moins l’un de nos derniers héros, un Charlotte Corday dont le courage ne se salue plus, en cette ère de lobotomisation bienpensante qu’en catimini.

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